Le moulin était alors loué à l’usage du meunier ; le bail est payé... en blé, bien sûr ; la moyenne étant d’environ 64 sommées de blé par an. De plus, l’entretien coûte très cher et le rendement n’est pas toujours assuré. Comment se fier aux caprices d’une rivière qui, en hiver, ressemble plus à un torrent impétueux qu’à un cours d’eau paisible et, en été, est fréquemment à sec plusieurs jours de suite ?
Le meunier doit pour sa part accorder à son installation une attention permanente. La farine étant très inflammable, le risque d’incendie est quasi-permanent, surtout en été, période de chaleur et de grande activité. En hiver, il fallait veiller à ce que le torrent n’inonde pas la salle des meules, d’où un système de vannes mis au point pour tenter d’enrayer l’impétuosité des flots.
Au nombre des dangers auxquels était soumis le meunier, le principal, car il est permanent, était le risque de voir ses doigts broyés entre les meules suite à une mauvaise manipulation. On dit d’ailleurs que des mains abîmées étaient la fierté de la corporation. Mais lorsque les vêtements se coinçaient, il y avait là danger de mort bien réel. En raison du bruit dans la pièce, il s’écoulait du temps avant de comprendre qu’un drame avait eu lieu.
Ce sont, bien sûr, les paysans du village qui portent leur grain au meunier, une fois la moisson terminée ou pendant l’hiver. Le travail effectué, le meunier est alors astreint à une tournée quotidienne chez les gens. Dans ce cas, il garde de 8 à 10 % de la farine obtenue. Si le client remporte sa farine, la commission du meunier n’est alors plus que du vingtième.
C’était un métier qui avait mauvaise réputation. Les paysans étaient très méfiants car il était possible de tricher sur la quantité de farine obtenue à partir du grain qui avait été apporté.